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Contribuiçao para a historia dos judeus espanhois

CONTRlBUTION  A L’ÉTUDE DE L'HISTOIRE DES JUIFS ESPAGNOLS

Boletin de la Real Academia Gallega 1909-1910

 

C’était en 1492, Ferdinand V et Isabelle la Catholique, pour rendre hommage à Dieu de leur victoire décisive sur les Maures et commémorer dignement la conquête de la «divine Grenade », décrétaient l’expulsion complète des  juifs, dans un délai de quatre mois, de tous les états de  la Castille, Aragon, Sicile et Sardaigne ... « 

300.000 juifs, hommes, femmes et enfants ont dû quitter leur patrie, et décimés par la faim et la peste et engloutis dans les flots de  l'Océan, une petite minorité seulement de cette masse errante a survécu et a pu s’établir dans les pays étrangers. Beaucoup émigraient au Portugal, d'où bientôt pourchassés comme des bêtes fauves, ils se refugiaient  en Galice, et en Navarre.

Tous les autres restés en Espagne se convertissaient au  catholicisme. On les appelait «Marranes » nom provenant des mots hébreux « mare-ain » voulant dire: convertis-pour-Ia-forme.

Mais le sort de ces malheureux marranes ne fut pas meilleur de celui de leurs frères émigrés. Car bientôt dénoncés comme hérétiques par les espions de l’Inquisition, torturés et martyrisés, ils furent, peu à, peu, obligés eux aussi à fuir et à abandonner à jamais le pays où depuis plus de mille ans leurs ancêtres jouissaient d'une grande et bienveillante hospitalité.

La Galice par sa proximité du Portugal et de l’Océan a servi encore, pendant tout le XVI et même le XVII siècle, de refuge aux marranes poursuivis par  la fureur de plus en plus terrible de l’Inquisition.

Vers la fin du XVI siècle l'Inquisition régnait en maitresse en  Espagne et au Portugal et les marranes de Galice pour échapper aux persécutions des inquisiteurs de Saint-Yago émigraient en masses vers des pays étrangers.

 

Les Marranes en Hollande

 

La Hollande même avant la reconnaissance do son indépendance attirait beaucoup les marranes errants, qui pouvaient s’y établir en qualité de citoyens espagnols, officiellement considérés comme chrétiens, et y vivre à l'abri des espions de l’Inquisition.

Mais après la reconnaissance de son indépendance par Philippe II et le grand développement commercial et industriel qui s'en est suivi, la Hollande, et principalement la ville d’Amsterdam, est devenue un grand centre d’immigration des marranes.

Ces nouveaux venus, considérés officiellement comme chrétiens, et encore hantés par la crainte de persécutions religieuses, n'osaient pas avouer, leur origine juive, mais ont fondé en secret une communauté religieuse juive. -Ils ont eu une part prépondérante dans le grand développement commercial de la ville d’Amsterdam, qui grâce a leur activité et à leur capacité commerciale, a conquis en peu de temps le premier rang dans le commerce colonial avec la nouvelle Amérique, les Indes et l'Afrique.

Aussi la municipalité d’Amsterdam, appréciant à leur juste valeur les grands services rendus à la ville par ces “citoyens espagnols”, comme on appelait les marranes, leur a été très favorablement disposée et leur a accordé beaucoup de privilèges.  Il ne pouvait encore y être question de haine de religion, vu que le judaïsme des marranes était tenu très secret, et même, après que la Hollande s’était constitué en  République, les marranes continuaient a exercer leur religion israélite, “en secret”  n'osant pas encore déclarer officiellement leur religion juive .

Mais voilà comment ce grand secret fut dévoilé en l'an 1597. C'était au jour du grand pardon (grande fête religieuse juive, ayant lieu au commencement de l’automne).

Un grand nombre de marranes s'est réuni discrètement dans une maison privée pour y faire ensemble les prières religieuses.

Quelques voisins remarquèrent cet assemblement secret des marranes, et suspectant un complot politique espagnol se sont empressés de les dénoncer à la police.

Cette accusation trouva facilement créance, les esprits étant encore en ce moment très surexcités par Ia longue et terrible guerre pour l'Indépendance à peine terminée.

Immédiatement, la maison ou les marranes étaient assemblés fut assiégée  par les troupes et la réunion surprise par la police.

Mais quel fut leur étonnement de surprendre, au lieu d'espagnols en complot, des gens, vêtus de blanc (selon le rite israélite) en train de faire des prières!... La police comprit de suite qu'il ne peut y avoir question d'aucun complot politique, mais qu'il s'agit d'un rite religieux défendu. Elle croyait d'abord se trouver en face d'une secte secrète de “papistes” (ainsi l’on nommait les catholiques qui étaient alors, à leur tour, en butte aux persécutions du protestantisme vainqueur ... ), mais n’ayant pu découvrir aucune croix ni image religieuse, la police se contenta de dissoudre, la réunion sans, pourtant arrêter personne, n’ayant pu découvrir aucun: “corpus delicti”

Mais beaucoup de marranes, craignant un retour possible de l'ère de persécutions anti-juives, commençaient à s’enfuir avec leurs familles. Ces faits ont mis, naturellement, de nouveau en éveil les suspicions de la police, qui fleurant quelque chose d'illégal, procédait aux arrestations en masse, des marranes. Mais bientôt l'Instruction judiciaire ouverte à ce sujet démontra qu'il ne s'agit ni de complotants politiques ni de papistes, mais simplement d'une secte religieuse israélite non reconnue officiellement; et tous les marranes détenus ont  été immédiatement libérés.

Mais leur grand secret ayant été divulgué les marranes ne pouvaient plus continuer à cacher leur judaïsme, ils ont dû demander, et ont obtenu, la  reconnaissance officielle de leur communauté religieuse juive, et ont entrepris immédiatement la construction d’une  synagogue (temple juif) officielle.

Cette première synagogue d’Amsterdam appelée «Bei-Jacob» (Maison de  Jacob) fut inaugurée en 1613 par les représentants do la communauté juive d’Amsterdam: D. Jacob Israël Belmonte, homme de lettres, (auteur d'un célèbre poème flétrissant la barbarie de l’Inquisition), et les notables commerçants: D. Jacob Tirado, D. Samuel Falaje, et D. José Ferreira.  

Ainsi fut fondée la première communauté juive officielle de Hollande, mais à  partir de ce moment, également, a commencé à pousser sur le sol hollandais ce champignon vénéneux appelé, l’antisémitisme. Les cléricaux, naturellement accusaient les juifs espagnols, d'hérésie, d'immoralité, etc., etc., mais pour surexciter l’opinion publique on répandait contre eux l’accusation que ces, soi-disant, juifs  n’étaient autres que des “vulgaires espions à la solde du gouvernement espagnol”, et l'on exigeait de la municipalité leur expulsion. La municipalité d’Amsterdam, quoique consciente de l’inexactitude absolue des accusations portées contre les juifs, et de grands services qu'ils rendaient à la ville, a du céder partiellement à la pression de l’opinion publique et décréter contre les juifs différentes restrictions.

Voila quelques noms de familles juives notables d’Amsterdam de cette époque:

Alvarez Bueno, Jimenez-Gabay (originaire probablement de Monforte),  De  Castilla, De Meze, Vego, Aragon, Capadose, etc.

 

Les Marranes en Pologne

 

Le nombre de marranes, ou des juifs espagnols, venus s'établir on Pologne était relativement faible. C'était principalement des médecins et des « rabbins ». Ainsi un des premiers rabbins d’Amsterdam: D. Jehuda Vigo (originaire de Galice), est venu s’établir dans la ville de Lublin (près de Varsovie) où il était connu comme grand prédicateur. Il y a publié en 1616,  en hébreux, un recueil de ses prédications. De là, Vigo est allé s’établir à Constantinople. Avec lui sont arrivés à Lublin quelques autres juifs espagnols dont on trouve la trace au cimetière de cette ville. Sur un tombeau on y lit l’inscription suivante:

 

Ci-git: Salomon de Aragon

Des  expulsés d’Espagne

Mort en 1594

 

Un descendant du rabbin Vigo, D. José de la Vigo, a publié une ouvrage à l'honneur de Jean III, roi de Pologne, intitulé: «Triunfo de la aguila y eclipse de la luna » paru à Amsterdam en 1683. Parmi les juifs espagnols venus en Pologne se sont distingués principalement deux grands médecins. D. Jacob Isjaqui, et D. Salomon Calahorra.

Le premier: D. Jacob Isjaqui a été  médecin des rois de Pologne: Jean-Albert et Alexandre de la dynastie de Jagielo et du roi Sigismund I. Des rescrits royaux en dates de 1502, 1504, 1506 et 1507, le comblent d'éloges et de privilèges pour lui et ses  descendants, prouvent la haute estime et la grande reconnaissance que ces rois de Pologne lui portaient. Il est mort à Cracovie en 1510

L’autre: D. Salomon, fils de José de Calahorra, médecin distingué des rois de Pologne Sigmund August, et Stefan Batori. Ce dernier par un rescrit royal en data de 1578, le gratifie de multiples cadeaux et privilèges.

Texte du rescrit:

 

«Stehanus Dei Gratia Rex Poloniae etc etc . Universis et singulis quorum interest, significamos tenore preasentium Quia quemadmodum Divus Sigismundus Augustus Rex Ploniae antecessor noster ex diligenti persuasione, conslioque Procerum et Consiliatorum Regni habens comendatam virtutem, probitatem ae in ate medica singularem experientiam Salomonis Calachorae, Medicinae doctoris hebraei et civis Cracoviensis eumdem in servitorem suum et Reipublicae suae cooptaverat, ae in praerogativis, immunitatibus et libertatibus servitorum suorum una cum uxore, liberis, universaque familia sua ornaverat uiti ea ex literis authenticis satis abunde intellexismus. Nobis etiam Consiliarii Nostri suplicassent ut Nos quoque memoratum Salomonem Calachoram, doctorem Medicinae propter eas dotes quibu praedictus est in servitorem Nostrum suscipermus immunitatibus quibusdam praerogativis et libertatibus ex clementia et gratia Nostra Regia ornaremus in servotorem Nostrum et Reipublicae cooptamus et ad servitia Nostra suscipimus libertatibusque ae praerogativis omnibus aliorum medicinae doctorum servitorum Nostrorum et decoramus etc etc....

(Archives des Rescrits royaux de Pologne , 117, fol 263)

 

 

Il est mort à Cracovie en 1597. A la bibliothèque nationale de Madrid il existe un manuscrit de lui, en latin, sur la “peste, et la manière de la combattre”. On peut encore citer le médecin: D. Moisés Montalto, mort à Lublin en 1637, fils du fameux D. Elias Montalto médecin du roi de France Louis XlII. (Les Montalto sont originaires de Galice ou du Portugal). D. Elias Montalto, échappé en Italie, fut engagé comme médecin de la cour par Louis XIII roi de France. Il a publié plusieurs ouvrages médicaux ainsi qu’un ouvrage pour la défense dos juifs persécutés (Bosaunge, Histoire des Juifs. Vol IX, p. 608.) Son fils Moisés Montalto a terminé ses études médicales à Padoue (Italie) et est venu ensuite s’établir en Pologne en compagnie de son ami D. Moisés Delmodigo, devenu par la suite médecin du Prince Radzwil et est mort à Lublin en 1610. Au cimetière israélite de Cracovie on trouve le tombeau de D. Moisés Gabay, mort en 1581 originaire de Galice (Espagne).

 

D. Daniel de  Barios

 

Un des types de marranes des plus distingués du XVII siècle, fut D. Daniel de Barios, né à  Montilla (prov. de Cordoue) des parents marranes. Homme de grand talent: il fut engagé au service du roi de Portugal et devint colonel de l’armée portugaise. Mais il abandonna son rang et sa situation, se rendit à Amsterdam et fit, officiellement, retour au judaïsme.     Il a publié beaucoup d'ouvrages pour la défense de la nation juive, ainsi que dans le domaine de la sociologie et da littérature espagnole. La collection de ses œuvres parut en 8 volumes, à Amsterdam en 1683.  A citer entre autres: 

 

“Triunfo del governo popular y de la antiguedad holandesa”,

“Relacion de los poetas y escritores espanoles de la nacion judaica”.

 

Les plus connus de ses poémes sont:

“Coro de las musas” parut à Amsterdam en 1672 et “Flor de Apollo” parut à Bruxelles en 1665.

 

Il a  publié en outre encore beaucoup d'autres petites ouvrages de moindre importance.

 

Don Isaac Abarbanel

 

Une des plus belles et sublimes figures du judaïsme espagnol du XV siècle est certainement D. Isaac, fils de Juda Abarbanel (également Abravanel); descendant d'une vieille et noble famille juive, et ministre des finances d’Espagne sous Ferdinand V. Né à Lisbonne en 1437, il fut éduqué par son père, éminent savant dans l’esprit et la tradition juifs, fit de brillantes études, et se distingua par sa phénoménale capacité de financier et d’homme d’état. Alphonse V, Roi du Portugal, sut apprécier la haute compétence en matière de finance et la grande intelligence du jeune Abarbanel, et lui confia la suprême direction des finances de l'État.  Ainsi Abarbanel resta ministre de finances du Portugal jusqu'en 1481, quand survint la mort du roi Alphonse V et sur le trône monta son fils Don Juan.

..... "Mais ici, nous allons laisser la parole à D. Isaac Abarbanel; lui-même, qui dans sa préface à son commentaire classique des écritures saintes, nous a laissé quelques notes autobiographiques.

 

 

Abarbanel écrit:

“....Un grand malheur frappa le Portugal: le bon roi est mort! Sur le trône monta son fils D. João; un nouveau roi plein de défiance envers tous les princes,  amis et conseillers de son père.

Il ne voyait partout qu'intrigue et trahison, et s'était imaginé quel les principaux hommes d'état complotaient contre lui, avec le concours de l’Espagne, pour le détrôner. Sa fureur exterminatrice devint telle qu’un jour, sans motif aucun, il assassina, lui même, avec un coup de sabre un de ses principaux hommes d'état. Les autres s'enfuyèrent. Moi même, en ma qualité d'ami du prince assassiné, lui devins suspect, et sus les conseils de mes amis, je m’étais réfugié en Castille.  Toute ma fortune, fut en conséquence, confisquée .....”

C’était en 1484, je fus appelé devant le roi d'Espagne. Quand je parus à la cour, le roi et la reine me reçurent  avec beaucoup de bienveillance. Dieu permit  que je trouve grâce dans leurs yeux. Pendant  huit ans j'apportais mon concours à la conduite des affaires de  l’État. A la neuvième année un immense malheur frappa Israël.

Le roi d’Espagne conquit la splendide Grenade la Princesse des Cités, et enivré de la grande victoire remportée sur les Maures, il s'est dit: "Comment puis-je remercier mon Dieu qui a livré entre mes mains Grenade? Je vais apporter dans son sein le peuple errant dans l'obscurité, le troupeau dispersé d’Israël”.  Et le décret royal fut promulgué: Voulez-vous, familles de la Maison d'Israël, servir mon Dieu; et vous jouirez comme nous des biens du pays; mais si vous refusez, que le nom de Jacob et d'Israël disparaisse de toute l'Espagne!

Je fis tout ce que fut humainement possible pour faire annuler ce décret néfaste. Je fis intervenir tons mes amis chrétiens pour faire revenir le roi sur sa décision. Mais tous mes efforts furent vains, je prêchais à des oreilles sourdes. L'inflexibilité de la décision prise était due principalement à la reine qui exigeait, coute que coûte, l'accomplissement de cette “oeuvre-pieuse”.

Le deuil des juifs fut immensément grand et comparable à celui qui les frappa à la dispersion de Jérusalem. Mais tous s'encourageaient l'un l'autre à rester fideles à “Jehova”. Trois cent mille hommes, jeunes et vieux, femmes et enfants, émigrèrent en un seul jour de touts les provinces d'Espagne ... Les uns se dirigeaient vers le Portugal, d'autres vers Navarre.

Mais partout le malheur les guettait. Ils eurent à lutter contre la faim et les accidents de la route, et furent ravagés par la peste. Beaucoup croyant pouvoir trouver on refuge au-delà  de l'océan, trouvèrent une mort affreuse sur les bateaux incendiés.

La plupart périrent; un petit nombre seulement resta en vie. Moi, je m'étais joint aux exilés et émigrait avec ma famille à Naples, dont les rois  régnaient en grâce et en bonté ..... De Naples, Abarbanel alla à Messine, Monopoli et Venise. Il s'adonna, entièrement à l'étude des sciences juives et a écrit, entre autres, en langue hébraïque, un commentaire resté fameux, de la Bible.

 

D. Isaac Abarbanel est mort à Venise en 1500, d'où ses dépouilles furent transportées avec grandes pompes à Padoue.

 

Alagna-Sesia, Janvier 1910

 

Samuel Schwarz

 

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